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« Ballet de l'échappée où rien, jamais ne s'installe »

LOIN TAIN

 

Michel Kelemenis rencontre, dans le cadre de la soirée intitulée Noir et blanc, les danseurs et danseuses du Ballet de l’Opéra national du Capitole. Pour l’occasion, il revisite sa relation à une œuvre musicale d’Henri Dutilleux : le Concerto pour violoncelle et orchestre Tout un monde lointain, inspiré au compositeur par ces vers de La Chevelure de Charles Baudelaire : « La langoureuse Asie et la brûlante Afrique, Tout un monde lointain, absent, presque défunt, Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique ! »

 

Lors de son premier essai chorégraphique sur cette partition, en 1997, pour les danseurs du Ballet de Genève, Michel Kelemenis s’exprimait ainsi :

« Debussyste de coeur, j’aime la musique de Dutilleux pour son ouverture spatiale tout autant que pour son détail. Cette qualité invite à interroger à chaque instant l’équilibre qui permettra à la danse comme à la musique d’exister pleinement, en indépendance mais sans refus de l’autre, peut-être même au service de l’autre. Sur ce magnifique concerto pour violoncelle et orchestre, j’appuie l’idée de la quête d’un être vers un autre être, inconnu. Si la forme n’est pas narrative, en revanche, l’hypothèse, la découverte, le frémissement, le rapprochement puis enfin la rencontre, proposent autant de prétextes à écrire les danses. »

Alors, la pièce reprenait mot pour mot le titre du concerto, Tout un monde lointain. Aujourd’hui, pour le Ballet du Capitole, elle devient LOIN TAIN. Voici comment il l’évoque : « De nouvelles danses actualisent la relation à la musique et aux corps des artistes d’aujourd’hui, en vue d’explorer le thème éternel du chemin vers l’autre. Une présence, isolée, rapidement engloutie par l’anonymat d’une foule, se reflète dans d’autres corps… La représentation dansée de l’entrée dans notre monde est aussi celle de la rencontre à faire pour parvenir à l’apprendre et à le comprendre. Les ensembles dansés sont autant de forêts à parcourir, de fleuves à traverser ou de vacarmes visuels à abstraire, pour que l’un(e) s’approche, progressivement, patiemment, de l’autre. »

L’autre… Ce monde lointain, origine du premier mouvement, source de rêverie, de désir ou de conquête, le chorégraphe l’entend dans la partition de Dutilleux. De fougue en étirements, de finesse en densité, les volutes de sons percutent les traits et les élans de la danse, pour figurer un état d’âme partagé entre espérance et inquiétude. Le mouvement balance entre plénitude du corps et détails minimalistes, entre graphisme et intériorité, telle une méditation au fil d’un voyage vers la lumière…

Jouant d’un noir profond, LOIN TAIN apparaît comme un espace de prédilection pour les jeux de reflets, de profondeurs, de matières, de transparences et de lumières, caractéristiques du scénographe Bruno de Lavenère, magnifiés en un écho-hommage à l’œuvre peint de Pierre Soulages.

 

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Noir et Blanc

Du 22 au 26 mars au Théâtre du Capitole

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Crédits photos :

► Tout un Monde lointain, Yoke Martin et le Ballet du Grand-Théâtre de Genève, 1997. © GTG.